Célia Grémy / Blog "Communication politique" - 20 octobre 2011
Nicolas Demorand (Libération) sur la communication politique : "Plus cela se professionnalise, plus le regard s’aiguise de la part des citoyens et les dispositifs de déconstruction se multiplient"
DN: Que pensez vous de la communication des hommes politiques ?
ND:
Elle s’est professionnalisée, elle s’est même "scienticifisée",
c’est devenue une science dure. Il y a un contrôle extrêmement tatillon
des propos, des moments dans lesquels ils sont tenus. Le calendrier d’un
journal n’est pas nécessairement celui d’un homme politique qui peut
refuser de parler à l’instant T et ne reviendra parler qu'au moment où
il l’aura décidé. Sur le fond et sur la forme c’est très maitrisé.
Se
posent aussi des questions sur l’image, à Libé il y a une politique
photo extrêmement particulière et ambitieuse. Parfois les hommes et les
femmes politiques ne se reconnaissent pas dans les images et les valeurs
et connotations qu’ils estiment qu’elle diffuse. Il y a des hordes
de conseillers en com autour, bref c’est quand même pas très facile.
L’avantage dans une présidentielle et on l'a vu pour les primaires, c’est
quand le tempo s’accélère, on ne peut pas contrôler la totalité du
réel, il y a à nouveau des brèches, des ouvertures des espaces qui se
créent. Il est certain qu’on doit composer avec
ça aujourd’hui et trouver des dispositifs qui permettent d’éviter
ce genre de choses ou alors d’en pointer les effets, pour que le
lecteur ait tous les éléments d’info et sache que là, "Attention, il y a
message codé, crypté, travaillé".
Quand nous avons
fait venir tous les candidats à la primaire, l’exercice a été pour
chacun d'être interviewé par l’ensemble de la rédaction ; Parce que
quand vous êtes face à 200 personnes et que la parole est libre, il n’y a
plus de com qui tienne. Les interpellations peuvent être fortes,
vives, originales, sur des sujets bizarres, il peut y avoir de la
relance. On n'est pas du tout dans un cadre sécurisé et blindé par la
com. C’est filmé, c’est enregistré.
On peut encore trouver des dispositifs qui permettent de faire accoucher à certains moments d’une parole un peu différente. C'est ce que nous allons faire pour la campagne.
Mais
plus cela se professionnalise, plus le regard s’aiguise de la part
des citoyens et les dispositifs de déconstruction se multiplient. Vous avez 1001 émissions, des milliers d’internautes et toutes les rédactions qui savent aujourd’hui montrer comment l’info est fabriquée. Le travail du Petit Journal est très important, il montre l’envers du décor lisse de ce qu’on voit au journal de 20h"
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