La nouvelle stratégie de communication de Vladimir Poutine pour légitimer son retour au Kremlin : se positionner en homme providentiel d'un Russie au bord du chaos
L'enjeu
Légitimer et défendre le retour annoncé de Vladimir Poutine à la Présidence russe et sa "longévité" contestée (perspectives de deux mandats présidentiels successifs jusqu'en 2024) alors que l'actuel Premier ministre est l'homme fort de la Russie depuis près de douze ans.
La stratégie
- Parti pris stratégique
- Mobiliser par "la peur" : réécrire l'histoire, électriser le climat, agiter le chiffon rouge d'une Russie menacée, dramatiser le contexte actuel et stigmatiser son instabilité (économique, financière...) pour positionner Poutine en homme providentiel et mieux légitimer un pouvoir fort
- Multiplier les références à des personnalités internationales consensuelles mais à la longévité politique avérée pour extirper Poutine de la controverse et le projeter dans une perspective positive et constructive
- Réfuter catégoriquement l'idée d'une l'élection jouée d'avance, revendiquer la crainte du verdict des urnes
- Positionnement
- Eriger et transformer l'homme déjà fort de la Russie en chevalier blanc d'une nation en danger, en rempart de l'instabilité et en roc inaltérable, fiable, fidèle ; exploiter la stature et la figure du chef qu'il incarne pour le transformer en sauveur, protecteur, figure paternelle, bienfaiteur de la Russie menacée
- Plan de communication
- Exploiter la première prise de parole grand format aux masses du Premier ministre russe Vladimir Poutine depuis son annonce de candidature par une interview commune aux trois principales chaînes de télévision russes (la Première, Rossia 1, NTV)
- Timing
- Interview diffusée 3 semaines après l'annonce de son intention de redevenir Président, au congrès de son parti, Russie Unie, le 24 septembre 2011
Les messages forts
- Russie menacée, besoin d'un pouvoir fort
- "Quand un pays se trouve dans des conditions difficiles, ces éléments de stabilité, y compris dans la sphère politique, sont extrêmement importants" "Je me garderais bien de dire que la situation ne peut pas être pire. Il suffit de faire deux ou trois faux pas pour que tout s'écroule si vite qu'on n'ait même pas le temps de s'en apercevoir"
- "Quand nous avons été confrontés à des menaces énormes, telles qu'elles pouvaient remettre en question l'existence même de notre Etat, alors, bien sûr, nous avons dû 'serrer les boulons', pour parler franchement, et introduire des mécanismes durs, en matière politique essentiellement".
- Référence explicite à des personnalités internationales : plusieurs exemples de longévité politique, gage de stabilité en période de crise, comme le général de Gaulle en France, le chancelier Helmut Kohl, seize ans au pouvoir, ou le président américain Franklin Roosevelt.
- Revendiquer un jeu ouvert ; déporter la responsabilité non pas sur l'offre politique pauvre, mais sur les électeurs
- "Ce sont les élections qui décident de tout"
- "Pour le citoyen ordinaire, il y a toujours un choix"
- "Russie unie doit rester la force politique dominante dans le pays et à la Douma. Le plus important, ce n'est pas le gouvernement ni la fonction. Le plus important, c'est la confiance des gens"
- Exalter la politique étrangère russe
- La promesse de la poursuite d'une politique étrangère "équilibrée" : stigmatiser l'Occident, accusé de prêter à tort à la Russie des "ambitions impérialistes"
- Saper les critiques : "Je peux dire à ces critiques, manifestement malhonnêtes: Occupez-vous de vos affaires, luttez contre l'inflation, contre la dette, contre l'obésité"
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